12 ) Contemplons l’œuvre unique du Messie
720 ans environ avant la venue du Messie, le prophète Esaïe a contemplé l’œuvre unique du Messie qui allait payer le prix pour le salut des pécheurs coupables que nous étions. Jésus seul avec son âme pure a compris la grandeur de l’offense faite à ce Dieu si Saint qu’il nous est impossible de comprendre avec notre nature souillée par le péché, et il comprit que si la justice de Dieu ne pouvait être satisfaite, alors jamais sa miséricorde ne pourrait se manifester (Dieu avait condamné le coupable par Sa Parole, Sa Loi Divine, et Il ne pouvait aucunement se rétracter). Jésus est donc venu, poussé par l’amour de Dieu pour s’offrir en substitut, à la place des coupables.
Jésus a dit « Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’Il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. » Jean 3 – 16
Esaïe 52 - 13 Voici, Mon Serviteur prospérera ; Il montera, Il s’élèvera, ll s’élèvera bien haut. 14 De même qu’Il a été pour plusieurs un sujet d’effroi, -Tant son visage était défiguré, Tant son aspect différait de celui des fils de l’homme, - 15 De même Il sera pour beaucoup de peuples un sujet de joie ; Devant Lui des rois fermeront la bouche ; Car ils verront ce qui ne leur avait point été raconté, Ils apprendront ce qu’ils n’avaient point entendu.
Esaïe 53 - 1 Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu Le Bras de l’Eternel ? 2 Il s’est élevé devant Lui comme une faible plante, comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. 3 Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous L’avons dédaigné, nous n’avons fait de Lui aucun cas. 4 Cependant, ce sont nos souffrances qu’Il a portées, c’est de nos douleurs qu’Il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. 5 Mais Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. 6 Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Eternel a fait retomber sur Lui l’iniquité de nous tous. 7 Il a été maltraité et opprimé, et Il n’a point ouvert la bouche, semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; Il n’a point ouvert la bouche.
8 Il a été enlevé par l’angoisse et le châtiment ; et parmi ceux de sa génération, qui a cru qu’Il était retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés de mon peuple ? 9 On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’Il n’eût point commis de violence et qu’Il n’y eût point de fraude dans sa bouche. 10 Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance … Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, Il verra une postérité et prolongera ses jours ; et l’œuvre de l’Eternel prospérera entre ses mains. 11 A cause du travail de son âme, Il rassasiera ses regards ; par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, et Il se chargera de leurs iniquités. 12 C’est pourquoi je Lui donnerai sa part avec les grands ; Il partagera le butin avec les puissants, parce qu’Il s’est livré lui-même à la mort, et qu’Il a été mis au nombre des malfaiteurs, parce qu’Il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, et qu’Il a intercédé pour les coupables.
J’emprunte les extraits suivants à Frédéric GODET, de son livre « L'œuvre de Jésus-Christ »
https://www.levangile.com/Textes/Frederic-Godet-L-oeuvre-de-Jesus-Christ.php
La conscience de Christ était le pur reflet de la sainteté divine ; voilà pourquoi il a pu accepter et subir la peine des pécheurs en se livrant sans révolte et sans murmure à cette dispensation terrible de la volonté divine. Sur cet étroit théâtre de la conscience intime du Christ se sont rencontrés face à face deux adversaires qui ne se contemplent ordinairement que de bien loin dans la nôtre : la sainteté de Dieu, dans sa plus délicate susceptibilité, et le péché de l'homme sous toutes ses formes, les plus subtiles comme les plus grossières. Là, dans ce contact direct entre le Dieu saint et Jésus, représentant l'homme coupable, le péché humain a été pleuré, jugé, condamné, comme il devait l'être, et comme nous ne pouvons plus le faire. Là ont été versées des larmes saintes, comme nous ne savons plus en verser. Là a été offerte à Dieu une réparation morale sans déficit, comme il nous eût été impossible de l'offrir. La mort la plus cruelle a été humblement reconnue et acceptée comme le salaire mérité du péché. Non seulement le châtiment du péché a été subi, mais il l'a été avec l'adhésion complète de celui qui le subissait. Et la justice divine a pu accepter avec pleine satisfaction cet hommage réparateur qui lui était offert par un seul au nom de tous.
On peut même se demander si sans cette croix le jugement futur et définitif serait encore moralement possible ; s'il ne serait pas pour le pécheur impénitent une espèce de surprise, dont il aurait quelque droit de se plaindre.
Ne pourrait-il pas, en effet, dire à Dieu, si celui-ci avait pardonné sans exiger une réparation solennelle : Tu m'as révélé ta miséricorde par un si grand acte de grâce, qu'il n'est plus resté de place dans mon esprit pour croire à la possibilité d'un châtiment final. Tu as ainsi contribué toi-même à fausser mon jugement et à endormir ma vigilance...
Mais, grâce à la manifestation éclatante du droit de Dieu contre le péché donnée sur la croix, ce langage du pécheur est rendu impossible. Dieu n'a pas pardonné sans montrer l'horreur qu'il a du péché et le châtiment dont il est décidé à le punir, si le pécheur y persiste ; et cette révélation effrayante, tout en rendant possible le pardon de ceux qui y adhèrent, réserve expressément l'acte futur du jugement à l'égard de quiconque n'accepte pas le pardon ou en abuse en ne le recevant pas dans le sens profondément saint où il est accordé.
Impossible de saisir l'objet de la foi, l'expiation accomplie par Christ, sans rompre radicalement avec le péché, cause d'une telle mort, et sans que le fondement de la sanctification soit ainsi posé dans le cœur.
Jamais acte accompli sur la terre ne fut plus agréable à Dieu que ce sacrifice inspiré par l'amour le plus pur pour les hommes et le respect le plus profond pour la sainteté divine ; jamais la personne de Jésus ne fut l'objet du bon plaisir de son Père comme en ce moment où il s'identifiait volontairement avec le péché de l'humanité pour épuiser en sa personne la malédiction qui y était attachée et où il subissait l'abandon de Dieu même.
C'est que Jésus, comme nous l'avons vu, satisfaisait le courroux divin non en l'assouvissant, mais en en reconnaissant la sainteté, la justice, et en maintenant ainsi, dans l'acte même qui servait de base au pardon, le principe du jugement ; ce supplice était un équivalent en qualité, non en quantité.
A ce point de vue la substitution, contre laquelle on a élevé tant d'objections, ne présente plus rien qui puisse offusquer le sens moral. Assurément un seul pouvait sans injustice souffrir pour tous, si sa souffrance était non une compensation de la leur, mais une révélation présentée à tous de ce que tous auraient mérité de souffrir et de ce que souffriront réellement ceux que ne ramènera pas à Dieu, repentants et croyants, le spectacle de cette expiation.
Que l'on se représente un convoi qui a déraillé et roulé dans le précipice. Un sauveur survient ; il parvient tout à la fois à le retirer de l'abîme en le replaçant sur les rails, et à le conduire au terme du voyage. Ainsi Jésus, dans son passage sur la terre, a tout à la fois consommé le développement moral à peine commencé de l'humanité innocente et retiré de la condamnation l'humanité déchue.
Est-il possible d'acquiescer à la vie sainte de Jésus-Christ, à sa victoire incessante sur les instincts naturels les plus légitimes, à sa consécration parfaite à la volonté du Père, à sa communion non interrompue avec lui, en y reconnaissant la vie normale de l'humanité, qui eût dû être la nôtre, sans s'approprier le principe moral de cette vie et en faire désormais le principe de la sienne ? Adhérer à une telle consécration, c'est se consacrer.
Serait-il possible surtout d'accepter la réparation morale offerte par le Christ comme un acte que nous eussions dû accomplir nous-mêmes, de ratifier dans notre conscience la sentence que la conscience du réparateur a prononcée sur le péché du monde en en subissant volontairement la peine, sans que cette sentence devînt par le même fait, dans notre cœur et notre volonté, l'arrêt de mort de notre péché propre ?
Adhérer à la mort de Christ pour le péché, c'est mourir au péché, c'est-à-dire rompre radicalement avec lui. C'est là le contrecoup profond que le croyant reçoit du coup dont Christ a été frappé pour lui.
Aussi longtemps que subsiste l'état d'hostilité entre l'homme et Dieu, Dieu ne saurait faire jouir le cœur de l'homme de la communication de son Esprit.
Ce don est de la part de Dieu celui de sa propre vie personnelle ; il suppose nécessairement la réconciliation opérée, la paix rétablie entre lui et l'homme.
Mais, une fois l'ordre normal restauré, le don du Saint-Esprit devient aussi naturel qu'auparavant il était impossible. La condamnation qui pesait sur l'homme était l'obstacle qui empêchait l'Esprit de se donner.
Cet obstacle enlevé par l'acte de la justification, l'homme se trouve replacé devant Dieu dans sa vraie position morale, et aussitôt la bénédiction divine reprend son cours forcément interrompu.
L'effusion de la grâce recommence, et, semblable à un torrent dont on a rompu la digue, l'Esprit saint se répand dans le cœur justifié.
La sagesse humaine dit : Dégage-toi peu à peu des liens du péché ; apprends graduellement à aimer Dieu et à vivre pour lui.
Mais de cette manière nous ne rompons jamais radicalement avec le péché et nous ne nous donnons jamais complètement à Dieu.
La foi au contraire nous élève, en quelque sorte d'un bond, à la position royale qu'occupe maintenant Jésus-Christ et qui en lui est déjà la nôtre.
De là, nous voyons le péché sous nos pieds ; là, nous savourons la vie de Dieu comme notre véritable essence en Jésus-Christ.
La raison dit : Deviens saint pour l'être. La foi dit : Tu l'es ; deviens-le donc. Tu l'es en Christ ; deviens-le en ta personne.
On ne gravit pas un à un les degrés du trône ; on s'y élance et s'y assied en Christ par l'acte de foi qui nous incorpore à Lui. Puis, du haut de cette position, sainte par essence, on domine victorieusement le moi, le monde, Satan, toutes les puissances du mal.
C'est dans ce milieu de sainteté absolue où l'on se trouve transporté, que l'on revêt l'image à la fois divine et humaine du Fils de Dieu.
Christ substitué à nous devant Dieu, comme notre justice ; Christ substitué à nous en nous-mêmes, comme notre sanctification : voilà la plénitude du salut chrétien. Apprenons les uns et les autres à envisager Christ de la sorte, et la vraie formule d'union sera trouvée.
On a vu des hommes dévoués se consacrer au relèvement de leur famille appauvrie ou déshonorée.
On en a vu d'autres faire de la délivrance et de la gloire de leur patrie l'objet de toute leur ambition.
Un homme s'est proposé un but plus élevé encore. Dans un temps où la notion du genre humain commençait seulement à poindre chez les esprits les plus avancés, cette masse que nous appelons l'humanité, divisée en peuples hostiles les uns aux autres, presque entièrement désagrégée par l'égoïsme des individus, lui est apparue dans son unité essentielle ; il a pressé cette humanité tout entière sur son sein comme son peuple à relever, comme sa famille à sauver.
Il a regardé en face les deux tyrans qui l'opprimaient et dont la domination semblait faire partie intégrante de l'existence de cette race : le péché et la mort.
Et il a osé dire : Cet être pécheur et mourant, ce n'est pas là l'homme que Dieu a voulu et qu'il veut. Dieu règne ! Que le péché périsse, que la mort le suive ! Que la sainteté et l'incorruptibilité, ces deux traits de l'œuvre divine, brillent enfin sur cette terre que Dieu a créée pour la manifestation de sa gloire !
Et cette grande pensée, née dans son cœur, il l'a adoptée, cultivée.
Cette tâche, il en a fait celle de sa vie ; il n'a point reculé devant l'impossibilité apparente de son accomplissement. Pour exécuter l'œuvre que seul il avait osé concevoir, il n'a pas débuté par quelque grand plan de réforme sociale.
Il a commencé par travailler sur lui-même ; il a réalisé le bien dans l'humble sphère de son existence personnelle, dans celle qu'embrassait immédiatement sa conscience morale.
Là, il a lutté avec le premier ennemi, le péché, et il l'a vaincu. Il lui a refusé le moindre pied-à-terre dans son cœur et dans sa vie et il a fait de la sainte volonté de Dieu le maître absolu de son existence.
Cette première victoire remportée, il s'est trouvé en face du second ennemi, la mort. Cet adversaire semblait plus invincible encore ; car la mort n'est pas, comme le péché, une libre détermination de la volonté humaine ; c'est une loi qui paraît peser fatalement sur l'humanité et qui enveloppe la nature elle-même.
Cependant, à cette vue terrifiante, le courage du héros divin n'a pas failli. Il a regardé en face le sombre tyran, et, à la lumière de Dieu, il a compris que ce n'était là qu'un fantôme, que le mot de grâce descendant du ciel ferait évanouir.
Il a reconnu dans la mort infligée à l'homme le résultat d'une condamnation ; et il en a conclu hardiment que, cette condamnation une fois rapportée, le trône de la mort s'affaisserait.
Cette condamnation reposait sur deux faits : le péché qui la provoque et la loi qui la prononce.
Le péché, il l'avait vaincu en lui-même, et il se réservait de le vaincre dans l'humanité. Déjà il avait allumé ici-bas en sa personne un foyer de sainteté absolue, et il voyait se grouper autour de ce feu céleste tous ceux qui cherchent la lumière et qui font la vérité.
Mais la loi ? C'est une manifestation divine. On ne la traite point comme on traite le péché ; on ne la détruit pas ; tout ce qu'on peut faire, c'est de la désarmer ; et l'on n'y parvient qu'en satisfaisant à toutes ses justes exigences.
Voici comment cet homme est parvenu à vaincre la loi.
Il lui avait offert dans sa vie l'obéissance parfaite qu'elle réclamait ; il lui a offert dans sa mort la réparation qu'exigeaient les transgressions de ses violateurs.
Par là il a mis de son côté la justice de Dieu, qui jusqu'ici était contre nous. Et comme Dieu avait prononcé sur les coupables une condamnation qui était leur mort, Jésus l'a mis en demeure par son sacrifice de prononcer sur les croyants une absolution qui sera leur vie.
Le péché une fois vaincu, la loi ainsi satisfaite, les deux bases du pouvoir de la mort se sont trouvées minées, et son trône s'est écroulé.
Dans la résurrection de Jésus-Christ a éclaté pour la première fois la victoire qui venait d'être remportée sur cet ennemi. Et cette première proie arrachée au tyran est le gage de la délivrance et de la résurrection future de toute l'humanité justifiée.
L'Eglise glorifiée sera la magnifique moisson dont Jésus ressuscité a été les prémices. L'incorruptibilité complète, morale et physique, couronnera l'œuvre que l'héroïque amour de Jésus a osé concevoir et réussi à exécuter.
Qu'est l'œuvre des Napoléon, des Washington, des Gandhi, à côté de celle d'un pareil libérateur ?
Puisque c'est par l'homme que la mort est venue, c'est aussi par l'homme que vient la résurrection des morts.
Comment s'étonner encore que celui qui a conçu et accompli une pareille œuvre ne cesse de réunir autour de lui tout ce qu'il y a ici-bas d'esclaves du péché et de la mort sentant le poids de leurs chaînes, tous ceux qui s'écrient avec l’apôtre Paul :
Infortuné ! Qui me délivrera ? (Romains 7 – 24)
Est-il surprenant que cet être-là ait réussi à obtenir un résultat dont s'étonnait le génie que rien ne semblait plus devoir étonner ? Jésus-Christ est parvenu à faire de chaque âme humaine une annexe de la sienne, doit avoir dit, dans l'un de ses entretiens intimes, le prisonnier de Sainte-Hélène (Napoléon).
Jésus s'est rendu nécessaire à l'âme humaine en devenant son collaborateur indispensable dans l'accomplissement de sa tâche suprême : la réalisation de sa destination morale.
En sa personne, il a sanctifié la vie humaine et l'a élevée à l'état divin qui lui était destiné et qu'il possédait lui-même avant de devenir homme : voilà le mystère de sa personne.
Ce travail accompli en lui-même, il le répète dans tous les croyants par son Esprit, après l'avoir rendu possible chez eux par l'expiation et le pardon obtenu pour nous : voilà le sens de son œuvre.
Frédéric GODET
Pasteur Suisse 1812 - 1900